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Les Majors de la musique contribuent à effondrer Internet

Coup de gueule - 15/01/2014

On nous rebat les oreilles depuis des années sur le téléchargement illégal d'œuvres protégées par le droit d'auteur. Effectivement on constate un piratage particulièrement massif de films et de musiques par divers moyens, avec en tête de file les systèmes d'échanges pair à pair, avec feu Napster, feu KaZaa, (bientôt) feu LimeWire, et un acharnement sans fin contre BitTorrent.

On constate que l'axe de mobilisation des ayants-droits de la musique se concentre principalement (et probablement à juste titre, il faut le reconnaître) sur les systèmes de partage P2P.

Cependant, de nombreux cas ont prouvé que cette focalisation inconditionnelle engendrait des effets de bord, en supprimant des données parfaitement légales. A cela s'ajoute l'utilisation de ces protocoles dans des contextes d'entreprise, comme Twitter qui propage ses configurations et ses mises à jour de l'application Web Twitter (c'est-à-dire celle qui génère les pages Web, côté serveur).

Aujourd'hui, les solutions de remplacement du partage de pair à pair, pour de l'échange légal ou illégal passe par des systèmes centralisés. Citons le streaming avec toutes les plateformes célèbres comme Deezer, Spotify, Youtube, Netflix, iTunes, citons les fournisseurs d'espace disque comme feu MegaUpload, RapidShare et consorts, et citons aussi les systèmes détournés de leur usage originel comme les newsgroups et pourquoi pas les listes de diffusions par mail (même si c'est probablement très peu utilisé et à usage confidentiel).

Dans le légal, les solutions gourmandes sont essentiellement le streaming de vidéos. Ce qui amène à déclencher des guerres entre prestataires, comme ça a été le cas dans l'affaire Orange vs. Cogent.

La centralisation des sources de données n'est pas compatible avec le fonctionnement décentralisé d'Internet. Le trafic du streaming fait augmenter exponentiellement les volumes transitant sur les backbones de l'Internet et occasionne des prises de positions comme lorsque Free réduit le débit du streaming en fin de journée et en soirée afin de favoriser sa propre plateforme de VoD (même s'ils ne l'avouent pas vraiment ...)

Je pousse alors un coup de gueule contre les gros acteurs du Web et contre les ayants-droits. Pour conserver leur rente financière et leur train de vie honteusement élevée, les ayants-droits font des pieds et des mains pour enrayer un phénomène contre lequel ils ne peuvent lutter. Plutôt que de rechercher des solutions intelligentes, préservant d'un côté leur confort financier légèrement affaibli (et leur refus réside dans cet affaiblissement), et de l'autre la richesse de la diversité culturelle, ils préfèrent la soumission et le contrôle à la façon communiste de la publication de contenus. Arrive alors la cohorte des DRM, des procès en tout genre pour tenter de contrôler la propagation numérique, en lieu et place d'un libre échange des contenus avec une redevance globale.

Alors les voix s'élèvent en disant que la licence globale est une connerie inapplicable, et martèlent des arguments parfois vrais et trop souvent en décalage avec la société. Pourtant, ils oublient systématiquement de montrer que des sociétés font une économie rentable en utilisant un mécanisme de licence globale. C'est le cas des plateformes de téléchargement comme l'a été MegaUpload, et comme le font RapidShare et tous les autres. Ils oublient également de préciser l'existence de la taxe copie privée, qui alimente très généreusement les sociétés de perceptions. Il existe donc des mécanismes fiables pour la perception d'argent sur les œuvres, la pérennité de certaines entreprises monte que les gens sont prêts à payer un abonnement non contraignant, ajouté à la capacité d'auditer facilement les contenus en fonction de leur potentiel, de produire des statistiques et de répartir les revenus.

Et surtout, et c'est l'objectif de cet article, l'arrêt des poursuites sur les logiciels (et protocoles) de peer-to-peer peuvent rééquilibrer facilement les échanges sur Internet. Prenons un exemple : le chanteur coréen Psy, et ses millions de vues aurait facilement pu être mis à disposition sur un réseau de type BitTorrent, afin de ne pas devoir centraliser le téléchargement du clip sur les serveurs Google. Le pair à pair aurait pu équilibrer facilement la charge à l'intérieur des réseaux des FAI, ou à l'intérieur d'un pays par les backbones inter-FAI. Ce principe peut s'adapter à tous les contenus de type stream On Demand, voire même des logiciels sur les sites de téléchargement type 01net.

L'effet de bord d'une telle mesure est que la concentration des efforts législatifs et judiciaires concernant les droits sur les contenus sera réorienté vers les sites réellement illicites, ne participant pas aux redevances sur la licence globale. Ces sites seraient probablement de moins en moins répandus, puisque l'offre légale serait attirante, de qualité et exploitable sans contraintes.

En conclusion, je pense sincèrement que le combat des ayants-droits et des sociétés de perception de droits (et des grosses Majors américaines) sont en train de fusiller l'Internet afin de faire du pognon, et m'incitent à ne pas pleurer sur le sort des fournisseurs d'accès et surtout sur le sort de l'industrie de la musique et du cinéma, qui non content de se plaindre, de gémir, de taper du pied et du poing en se roulant par terre en invoquant une chute des ventes de CD, voit ses profits globaux augmenter très généreusement par les réévaluation de taxes diverses, les abaissements de certaines taxes, les montages fiscaux, et surtout, les perceptions sur les produits dérivés (concerts, goodies ...)

Alors arrêtons de se voiler la face, je ne pleurerai pas trop pour Cogent, ni pour Orange, ni pour Free, car dans le fond, ils auraient peut-être dû s'y prendre avant, je ne pleurerai pas trop pour les artistes de tout poil qui sont aussi trop majoritairement complices d'un tel système et je pense sincèrement qu'au lieu de virer des gens chez Peugeot, chez Michelin, chez IBM et tant d'autres, on ferait bien de vérifier la quantité d'emplois fictifs et de brasseurs de vent dans les sociétés de perception de droits et autres consortium de producteurs et d'ayant-droits, et écrémer largement la quantité d'emplois inutiles, et réduire le train de vie de leurs dirigeants. Les artistes pourraient alors en profiter, et surtout les plus petits, et nous aurions peut-être un peu plus de scrupules à pirater les œuvres.